Après de nombreuses années à développer des applications web pour nos clients, on nous pose souvent la question : « Angular, c’est encore viable en 2025 ? » Notre réponse est nuancée, et elle vient de l’expérience terrain.
Ce qu’on observe sur nos projets
React domine largement avec 46,8 millions de téléchargements hebdomadaires contre 496 908 pour Angular. Mais dans notre portefeuille client, Angular représente encore 30% de nos développements. Pourquoi ?
Nos clients Angular ne sont pas là par hasard. Ce sont majoritairement des entreprises avec des besoins applicatifs complexes qui doivent perdurer dans le temps. Un courtier en crédit en ligne, plusieurs mutuelles d’assurance, ou encore des plateformes hospitalières… Ils ont choisi Angular pour des raisons stratégiques précises.
BuiltWith révèle qu’Angular est utilisé par 122 411 sites web actifs dans le monde, principalement des structures enterprise.
L’héritage d’AngularJS : révolution puis cassure
Retour en arrière : AngularJS (2010) avait révolutionné le web avec son data binding bidirectionnel. Mais les limites sont vite apparues – performances catastrophiques sur les grosses applications, debugging cauchemardesque, architecture bancale.
Angular 2 (2016) a marqué une rupture complète – une réécriture totale en TypeScript. Un pari audacieux qui a désorienté une partie de la communauté, mais qui s’avère payant aujourd’hui. Cette cassure explique en partie pourquoi Angular a perdu du terrain face à React, qui a maintenu une évolution plus progressive.
Pourquoi on continue de proposer Angular
TypeScript d’office : le pari gagnant
En 2016, quand nos premiers clients nous demandaient du TypeScript sur React, on galérais. Angular l’avait déjà intégré nativement. Aujourd’hui, même nos projets React sont en TypeScript, mais Angular garde l’avantage de la cohérence totale.
Sur notre projet pour un établissement de crédit, le TypeScript strict d’Angular nous a permis d’éviter de nombreux bugs critiques en phase de développement. En finance, encore plus qu’ailleurs on ne peut pas lésiner sur la fiabilité du code.
Architecture imposée = équipe alignée
Angular ne vous laisse pas le choix sur l’architecture. Modules, services, composants, injection de dépendances… Tout est codifié. Frustrant pour un développeur solo, libérateur pour une équipe de 20 personnes qui doit maintenir une application sur 3 ans.
On a observé sur plusieurs projets React que sans conventions strictes, chaque développeur peut adopter sa propre approche pour gérer les appels API ou l’architecture. Angular impose ses conventions, et sur de gros projets, c’est bénéfique pour la cohérence.
La plupart du temps les développeurs junior sont opérationnels plus rapidement sur un projet Angular existant que sur un projet React mal structuré. Les conventions Angular créent une documentation vivante du code.
Écosystème complet
Angular CLI, Angular Material, Angular Universal… On passe moins de temps à débattre des choix techniques et plus de temps à développer. Sur nos projets React, on perd systématiquement 1-2 semaines en début de projet rien que pour choisir et configurer les librairies.
Cette approche « batteries incluses » évite les débats sans fin sur le choix des outils et permet de se concentrer sur le métier.
Les défis à considérer avec Angular
Courbe d’apprentissage plus prononcée
Angular est un framework complexe. RxJS, les observables, l’injection de dépendances… La montée en compétences prend plus de temps qu’avec React. Cette réalité influence nos recommandations selon le profil des équipes de nos clients.
Poids du framework
Angular, c’est environ 92KB compressé contre 46KB pour React. Pour des sites vitrines ou applications légères, ce poids peut être un frein. Pour des applications métier complexes, l’impact est négligeable.
Écosystème de recrutement
Le marché du recrutement favorise actuellement React. Les formations et bootcamps se concentrent majoritairement sur React, ce qui peut complexifier la constitution d’équipes Angular.
L’image de marque
Angular souffre d’une perception de « framework legacy ». Les bootcamps enseignent React, les startups recrutent sur React, les conférences parlent de React. Cette dynamique influence le marché du développement.
Notre grille de décision 2025
On propose Angular quand :
- Applications d’entreprise complexes : Si vous développez un ERP, une plateforme bancaire ou un système de gestion hospitalier, Angular vous fera gagner du temps. Sa structure rigide devient un atout quand la complexité explose.
- Équipes importantes : À partir de 10 développeurs, les conventions d’Angular évitent les dérives architecturales. Chacun sait où chercher quoi.
- Projets à long terme : Si votre application doit vivre 5 ans, la stabilité d’Angular et le support de Google sont des gages de sérénité.
- Besoins de maintenabilité : Reprendre du code Angular écrit par quelqu’un d’autre est généralement plus facile que reprendre du code React, grâce aux conventions strictes du framework.
On évite Angular quand :
- Projets de validation concept ou MVP
- Applications légères ou sites vitrines
- Contraintes budgétaires serrées
- Besoin de développement très rapide
Les évolutions qui comptent
L’équipe Angular ne reste pas les bras croisés. Les Signals, introduits dans Angular 17, modernisent enfin la réactivité du framework. L’architecture « zoneless » en préparation devrait améliorer les performances. Ces évolutions montrent qu’Angular s’adapte aux standards actuels.
Mais le vrai changement, c’est la collaboration avec l’équipe Wiz de Google. Cette alliance pourrait déboucher sur des améliorations significatives de performance, un point faible historique d’Angular.
On teste actuellement sur un projet pilote et la réactivité s’améliore nettement.
Notre approche chez Pixfeed
Nous ne vendons pas Angular comme la solution miracle. Nous l’utilisons quand c’est pertinent, et nous vous l’expliquons franchement.
Si votre projet nécessite une architecture solide, si votre équipe est importante, si vous privilégiez la maintenabilité à long terme, Angular peut être un excellent choix. Dans le cas contraire, nous vous orienterons vers React ou Vue.js sans états d’âme.
Notre rôle n’est pas de vous imposer une technologie, mais de vous accompagner vers la solution qui correspond vraiment à vos besoins et contraintes.
Notre recommandation pragmatique
Angular a trouvé sa place dans l’écosystème : celle du framework d’entreprise fiable, structuré, prévisible. Ce n’est plus le framework dominant qu’il était, et il ne le redeviendra probablement jamais.
Pour certains projets, c’est exactement ce qu’il faut. Pour d’autres, c’est de la sur-ingénierie. La clé, c’est de savoir faire la différence.
L’erreur serait de l’écarter par principe ou de le choisir par habitude. Notre rôle d’agence, c’est d’analyser votre contexte réel : équipe, budget, timeline, évolutivité.
Angular en 2025, c’est un choix assumé, pas un choix par défaut. Et c’est probablement mieux comme ça.